IGPH : Inhabitants of Greater Paris Highways : Portrait’s Set #2 (2019). Image : © PFRunner
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Image : © PFRunner
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Le gymnase municipal de la Fontaine au Roi à Paris, occupé par les réfugiés tunisiens de Lampedusa le 7 mai 2011, leur a été interdit d’accès par la mairie le 6 juillet, sous prétexte de dégradations et de travaux urgents à venir. Le 20 juillet [cliché], matelas, couvertures sont encore là…tout est en place. Les travaux n’ont pas démarré.
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En maraude nocture, Emmaüs apporte eau, café, thé, couvertures… et une heure de discussion avec les «migrants tunisiens de Lampedusa à Paris», dont un groupe dort au Buttes Chaumont. Parmi eux, quatre mineurs…
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En maraude nocture, Emmaüs apporte eau, café, thé, couvertures… et une heure de discussion avec les «migrants tunisiens de Lampedusa à Paris», dont une partie dort au Buttes Chaumont.
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En maraude nocture, Emmaüs apporte eau, café, thé, couvertures… et une heure de discussion avec les «migrants tunisiens de Lampedusa à Paris», dont une partie dort au Buttes Chaumont. Juilet 2011.
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Concert de soutien aux «migrants tunisiens de Lampedusa à Paris», organisé au bar Les petits joueurs à Paris XIXe, par l’association Action Tunisienne le 3 juillet 2011.
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6 juillet 2011. Le député et président du conseil général de l’Ardèche Pascal Terrasse, premier politique à se déplacer pour comprendre les enjeux des réfugiés et des archives du « 36 rue Botzaris », devant les Buttes Chaumont où vit une partie des « Tunisiens de Lampedusa ».
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5 juillet 2011 minuit, boulevard de Belleville à Paris 11ème. Les CRS empêchent une centaine de migrants tunisiens de regagner le gymnase municipal de la Fontaine au Roi qu’ils occupaient, avec jusqu’ici la tolérance de la Mairie de Paris. Ils sont privés de leurs affaires et n’ont plus de toit.
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5 juillet 2011 18 heures. Les CRS ont pris position et filtrent les entrées pour empêcher une centaine de migrants tunisiens de regagner le gymnase municipal de la Fontaine au Roi qu’ils occupaient, avec jusqu’ici la tolérance de la Mairie de Paris.
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À l’intérieur de l’ex-local du RCD parisien, 36 rue Botzaris le 15 juin 2011, à la veille de la 2ème évacuation des migrants tunisiens par les forces de l’ordre françaises.
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À l’intérieur de l’ex-local du RCD parisien, 36 rue Botzaris le 15 juin 2011, à la veille de la 2ème évacuation des migrants tunisiens par les forces de l’ordre françaises.
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À l’intérieur de l’ex-local du RCD parisien, 36 rue Botzaris le 15 juin 2011, à la veille de la 2ème évacuation des migrants tunisiens par les forces de l’ordre françaises.
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À l’intérieur de l’ex-local du RCD parisien, 36 rue Botzaris le 15 juin 2011, à la veille de la 2ème évacuation des migrants tunisiens par les forces de l’ordre françaises.
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À l’intérieur de l’ex-local du RCD parisien, 36 rue Botzaris le 15 juin 2011, à la veille de la 2ème évacuation des migrants tunisiens par les forces de l’ordre françaises.
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Trois jours après leur évacuation du 36 rue Botzaris à Paris, les migrants Tunisiens se sont repliés aux Buttes Chaumont où ils dorment dehors. Le 20 juin, en plein jour, ils assistent impuissants à la destruction de leur camp de fortune par une cinquantaine de policiers en tenue. Ici, la tente pharmacie, lacérée au couteau…
La trousse de survie « éventrée ».
Les migrants constatent les dégâts, et s’en retournent un peu plus haut sous la tonnelle où ils se sont réfugiés, écœurés…
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«Un jour, on a été avec mon père apporter des kilos de pâtes et discuter avec les Tunisiens. Ils mettaient la table… et nous ont invité à manger avec eux* ! Après, ils ont joué au foot** et au jokari*** dans la cour. Pour les remercier, j’ai dessiné tout ça. Mon père a demandé comment on disait merci pour le repas en arabe, et je l’ai recopié en bas du dessin.» Jean, 8 ans. 3 juin 2011 au 36 rue Botzaris, ex-siège du RCD de Ben Ali, occupé du 31 mai au 17 juin par des migrants Tunisiens.
* milieu droite (sur le dessin)
** milieu
*** haut droite
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17 juin 2011. Médiatisation de l’affaire du 36 Botzaris à Paris. Les médias – ici France 2 – viennent traiter du sort des archives et des relations franco-tunisiennes que renferme l’ancien siège du RCD en France. Personne ne parle du sort des migrants dont l’occupation a pourtant tout révélé. En outre, le reportage n’a toujours pas été diffusé sur la chaîne nationale.
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La caméraman de France 2 filme a bout portant le téléphone d’un migrant tunisien sur lesquelles défilent les images des archives du RCD parisien du 36 rue Botzaris à Paris.
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Devant le 36 rue Botzaris à Paris, au soir de la première évacuation de l’ancien siège du RCD tunisien. Les migrants tunisiens dits de Lampedusa l’occupaient depuis le 31 mai. La grille est ouverte sur la cour d’où les occupants ont été évacués en bus vers les commissariats de police environnants. Ne restent que les CRS, la police, et des « cadres dits du RCD tunisien » (visages masqués) qui ont participé à l’évacuation dans des conditions troubles (l’un d’entre eux au moins a été infiltré dans l’après-midi).
Zoom de l’image précédente.
Mai 2011. © Pfrunner
1 à 4 : Occupation du 51, avenue Simon Bolivar à Paris par les «Tunisiens de Lampedusa». 3 mai.
5 à 9 : Évacuation par les forces de l’ordre, à la demande de la mairie, du 51, avenue Simon Bolivar à Paris occupé par les «Tunisiens de Lampedusa». 4 mai 2011.
9: «Ceci est un lieu de lutte», affichette au pieds des CRS «en armes».
10 : «Liberté» pour les sans papiers : inscription effacée. 5 mai 2011.
11 : Occupation du gymnase de la Fontaine au Roi à Paris par les «Tunisiens de Lampedusa». 7 mai
12 : Manifestation des «Tunisiens de Lampedusa». Métro Belleville. 10 mai 2011.
Ils ont traversé ce bras mauvais de Méditerranée qui emporte tant des leurs, jusqu’à l’île italienne de Lampedusa. Là, certains me disent qu’ils ont déjà croisé la fille Le Pen qui leur a demandé de repartir… Ceux-là ont déjà pris idée de ce qui les attendait. Mais : Tu comprends, me dit Moncef, moi j’apporte au moins six rêves avec moi jusqu’ici… Celui de ma sœur, celui de mon frère, de mes parents, de mon oncle… celui d’un sage du village aussi. Il continue : Je faisais du business d’import-export avec la Libye, mais maintenant qu’elle est en guerre, la frontière est fermée, et il n’y a plus de travail… Et puis tu sais, on a tous été élevés ici avec la France comme pays de rêve…
Ils ont continué leur chemin, remonté l’Italie, bien accueillis au sud (« Les vieux ont partagé le pain et le fromage avec nous»), jusqu’à Vintimille… puis jusqu’à Paris. Ils ont dormi dans les parcs, mangé aux soupes populaires… toujours dans la peur d’être raflés par la police. ET beaucoup ont été raflés. La Coordination des Intermittents et Précaires (CIP) a mis à leur disposition leur local de La Villette, pour qu’ils puissent se doucher au moins. Un lien de soutien est né entre la CIP et les «Tunisiens de Lampedusa». La lutte est devenue politique. C’est le temps des occupations de locaux de la Ville de Paris : 51 Bolivar, évacué par les CRS le 7 mai, puis gymnase de la Fontaine au Roi… Le récit de la dernière partie en quelques images.
Occupation du 51, avenue Simon Bolivar à Paris par les «Tunisiens de Lampedusa». 3 mai 2011. ©
Manifestation des «Tunisiens de Lampedusa». Métro Belleville. 10 mai 2011. ©
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5.00 am ecstasy (Lost Subway). Image : © PFRunner 2007
Ivresse (Sortie de Métro).
Paris-Belleville. 2007. L’hallucination de cinq heures du matin. Parfois, je me réveille avant le soleil, et je jette toujours un œil par la fenêtre.
Quand je passe devant ce genre de panneau signalétique, je ne peux m’empêcher de sourire. Photo Aurel Covasso.
The ragman. Image: © PFRunner 2010
Seine-Saint-Denis, 2010 ©
Le recyclage en tant que petit métier a souffert d’une dévalorisation croissante. Pourtant, les biffins et autres recycleurs professionnels que l’on rencontre encore parfois sur les routes – au gré des crises économiques – sont comme des figures modernes de l’écologie.
My son, my father. © PFRunner 2010
Rencontre de deux mains,
70 ans d’écart ou pas loin
vous avez beau les connaître par cœur
vous avez beau vous dire, ce n’est pas si intime
une main
même celle du père, première à vous soulever
celle du fils, première que vous touchez,
vous avez beau leur avoir posé la question
étrange question
– Papa j’aimerais prendre tes mains… ?
Le jour où, presque hors de vous,
carapacé contre la marée de sentiments,
vous les réunissez :
mon père a simplement posé la sienne
et mon fils est venu l’envelopper…
(et je crois que personne n’a entendu le clic…)
Père et fils, 2009.
Venice, Italy, 2009.
Venexia 2009
Je me suis collé le dos au petit café, sur le Campo. En face, j’aperçois le coin où débouchent à la perpendiculaire les deux ruelles (d’où moi-même je me suis extirpé cinq minutes plus tôt). Mesurant le côté théâtral de cette espèce d’entrée en scène sous les sunlights de la grande place, je soulève mon appareil et je vise le trou de souris, doigt sur le bouton.
Et j’attends. Je ne sais pas quand, je ne sais pas qui. Je patiente, longtemps. Je sais que l’apparition sera rapide, que j’aurai une demi-seconde pour faire l’image. J’ai envie de jouer. Alors, sans bruit… Je ne la rate pas. En un éclair, je sais que je l’ai eue. La voilà.
Lunel, France, 2007.
Dans mes moissons photographiques, je n’oublie jamais de « faire du détail ». Parmi les « petites choses » susceptibles de décrire un cadre, une ville, une ambiance, il y a tous les panneaux indicateurs, les conseils, les interdictions, la loi répétée inlassablement par l’invasive Signalétique.
Ici, ce n’est pas la moisson du chasseur de signalétique qui importe: elle est maigre [un « totem » de trois panneaux ronds, ce n’est pas rare après tout].
Sur cette image, ce qui compte, c’est la tension. Quand le petit homme qui passait par là s’est retrouvé par hasard dans la mire du chasseur, c’est comme si son sang n’avait fait qu’un tour. Lui, pris pour cible, à lui, on allait lui voler son image ? Le chasseur avait les yeux sur sa proie à lui, les trois panneaux de métal, et il n’a pas lâché prise face aux « yeux dans les yeux » de celui qui s’est cru victime. Il a appuyé. Oui, il les attendait, oui, il savait… que même avec la matière des murs, même avec la lumière du sud qui joue dessus, une photo de signalétique ne vaut rien sans peut-être deux petits personnages qui s’avancent. Oui, il avait envie qu’ils passent dans le champ. Simplement, il ne s’attendait pas à cette petite comédie, celle qu’il a découverte plus tard quand il a affiché sa photo sur l’écran. La comédie de ces deux petits corps en tension, le petit gars faisant masse, de face, presque défiant, la petite fille, déjà repartie, prenant l’élan pour deux… elle avait déjà compris que seul le goût du métal intéressait le chasseur, et elle le tirait vers la boulangerie où sans doute elle allait lui payer un bonbon avec la monnaie du pain.
Ensuite… que la petite fille soit partie dans la bonne direction, celle indiquée par le panneau au-dessus de sa tête… qu’elle ait attrapé le bras pour faire repartir le petit homme comme si elle voulait obtempérer face à l’interdiction de stationner… ce n’est sans doute que pure coïncidence.
Walking on water, Venice, Italy. Image : © PFRunner
Acqua Alta a Venezia / Venessia / Venexia
Venise, 30 décembre 2002. Acqua alta sur la Riva degli Schiavoni. Au fond, la douane de mer. L’Atlantide a été engloutie sous les eaux, Pompéi sous la lave et les cendres… Venise est encore là. Mais l’eau monte…
………….
La place Saint-Marc est la première touchée par l’inondation. L’eau remonte par son centre, entre la pierre. Le symbole de la ville devient lac, scène de décor. Les façades de Sansovino se dupliquent dans le miroir géant du naufrage annoncé de la Sérénissime : – Et si l’eau ne redescendait pas ?
Pour contrer les éléments, un projet cyclopéen est lancé : Moïse [Mose en italien]. Les structures sont en train d’être mises en place :
Lady and the tramp. © PFRunner
Paris Bastille, juin 2005. La scène m’a glacé. Le froid m’a descendu l’échine, en plein été. Le souffle court, j’ai failli me laisser tétaniser par cette vision qui avait lieu à quelques mètres. Et je ne sais pas dans quel réservoir j’ai puisé, mais j’ai trouvé l’énergie de me précipiter, sur mes pattes de velours.
Au « développement » de la photo, face à mon écran, à nouveau, j’étais tendu. J’avais envie de titrer « Confrontation ». Et puis, à force de regarder les deux personnages, la relation a priori impossible a fini par se nouer entre eux. J’ai imaginé qu’elle l’avait pris pour son ange gardien, le temps d’un retrait éclair de billets de banque. J’étais victime d’un espèce de « syndrome de Stockholm » photographique.
Aujourd’hui, à la place de «Confrontation, je titrerais simplement « Cohabitation » ou » Indifférence ». A force, on se « carapace ». Et puis, le temps a passé. J’ai beau remonter le long de sa verticale à elle : son bracelet, ses boucles d’oreille, son chignon, son visage, je me dis que l’on n’est jamais à l’abri d’une inversion des rôles. Car à côté de la verticale qui vient chercher sa subsistance, il y a son horizontale à lui, immobile, sereine. Elle réclame ses billets à la machine, pour compléter son image, un deuxième sac, une paire de chaussures, des boucles d’oreille plus lourdes ? Lui est repu, il n’a pas même eu besoin de terminer son sandwich. Les bras croisés, il attend, avec sérénité.
Un jour on m’a dit : « Parmi toutes tes photos, il y a celle-là, celle du distributeur : on dirait un Jeff Wall. » Je n’ai d’abord pas fait la relation, car je m’attachais au seul regard sur la pauvreté et l’inégalité, alors que le photographe hyper-réaliste canadien ne faisait pas de la dimension sociale son seul angle d’attaque. Mais il faut avouer que je n’ai pas boudé mon plaisir à entendre cela.
Al-Azhar mosque, Cairo, Egypt. Image : © PFRunner 2005
Théâtre de Verre [Glass Theater] in Paris rue de l’Échiquier : a squat, a derelict place, a painting [a Rembrandt ?]. Image : © PFRunner 2004
Squat de la rue de l’Échiquier à Paris 9ème. Le Théâtre de Verre s’est installé là. Sous la lumière qui tombe des sheds, ses personnages deviennent des Rembrandt.
Lorsque je suis repassé devant les locaux en 2007, les portes étaient fermées. En levant les yeux, un panneau cloué sur la façade annonçait la création de logements. L’expulsion avait eu lieu.